D.S.K avertit ou dramatise ?
(13 avril 2008 )Le directeur du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn a estimé à propos de la crise alimentaire mondiale que "le pire est peut-être devant nous", et qu'il y a même "des risques de guerre".
Interrogé sur Europe-1
sur les émeutes de la faim dans de nombreux pays, il a estimé que
"lorsqu'il y a des situations aussi dramatiques, ça met en cause la
démocratie dans les régimes" même si "parfois ce n'est pas de leur
faute".
"Les populations, assez légitimement, se tournent vers
leur gouvernement, les critiquent, font tomber des gouvernements
démocratiquement élus (...). Lorsque la tension va au delà de la remise
en cause de la démocratie, il y a des risques de guerre", a-t-il
affirmé, observant que "l'Histoire est pleine de guerres qui se sont
commencées à cause de problèmes de ce genre".
"Malheureusement,
le pire est peut-être devant nous", a-t-il jugé, "tout cela est
extrêmement grave, il faut que la planète s'en saisisse".
Préconisant
une augmentation de la production agricole mondiale pour faire face aux
besoins grandissants notamment de la Chine et de l'Inde, le patron du
FMI a mis en garde contre la "tentation du protectionnisme" pour les
pays producteurs de denrées alimentaires,
"Une des manières de
résoudre les questions de famine, c'est au contraire d'augmenter le
commerce international, d'augmenter les flux", a-t-il assuré.
Dénonçant
la "spéculation financière qui vient nuire à la situation des prix"
alimentaires, il a également estimé que les biocarburants posaient un
"vrai problème moral" dans ce contexte.
Estimant que le Programme
alimentaire mondial (PAM) devait intervenir dans un premier temps,
Dominique Strauss-Kahn a affirmé que le FMI devait intervenir à "long
terme", afin de "réorienter les politiques économiques".
Pour les
pays fortement touchés, le FMI est "en train de réviser (ses)
procédures d'accès parce qu'elles étaient peu orientées vers la crise
alimentaire", a précisé DSK. "C'est notre mission que leur commerce
extérieur soit rééquilibré grâce à des appuis du FMI". AP
lat/ma