Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Monsieur Vessemont, prof blogueur
Monsieur Vessemont, prof blogueur
Monsieur Vessemont, prof blogueur
  • Professeur, auteur, citoyen, et bien d'autres activités, l'histoire géographie et ne s'arrêtent pas quand les cours prennent fin ....vous trouverez dans ce blog "couteau suisse" une part de l'esprit "poil à gratter" qui m'anime
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Newsletter
23 avril 2008

Louis Michel, commissaire européen u développement et à l'aide humanitaire.

Louis Michel, commissaire européen au développement et à l'aide humanitaire.

"La révolution verte a marché en Asie. Elle doit marcher en Afrique"

lemondefrt22/04/2008
Louis Michel est commissaire europélouismichelen au développement et à l'aide humanitaire. L'ancien ministre belge des affaires étrangères gère à ce titre le budget de l'aide européenne au développement. Chaque Européen verse chaque année 93 euros d'aide via Bruxelles et les Etats membres. Dans un entretien au Monde, ce libéral francophone, âgé de 60 ans, propose le déblocage d'une aide supplémentaire de 220 millions de dollars (138,6 millions d'euros) pour faire face à la crise alimentaire mondiale mais est sceptique sur une relance de la production européenne.

Comment répondre à la crise alimentaire qui touche les pays les plus pauvres de la planète ?

L'augmentation du prix des céréales est une opportunité pour les producteurs dans les pays en développement, mais ce tsunami alimentaire représente un risque pour les pays qui ne sont pas autosuffisants. Ces Etats pourraient l'être, mais ils n'ont pas assez investi. En matière de développement, le fondement, c'est l'agriculture. C'est elle qui nourrit la population, et qui permet de lutter contre la pauvreté.

Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale ont longtemps misé sur le développement urbain et industriel. Cette époque est-elle révolue ?

Les pays en voie de développement ont connu un exode rural très fort. Il n'était donc pas anormal de financer des projets d'intégration, de survie dans les villes. Cette politique a provoqué le recul de l'agriculture, et un développement urbain mal maîtrisé. Aujourd'hui, il faut mettre en oeuvre des programmes qui augmentent la productivité agricole, financer des semences, des engrais et des transferts de technologies. La révolution verte a bien marché en Asie. Elle doit marcher en Afrique. Cela ne veut pas dire qu'il faut tout miser sur l'agriculture, mais avoir comme objectif l'autosuffisance de chaque pays. Les réponses doivent aussi être régionales, concernant la gestion des stocks ou l'irrigation.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies a demandé 1,4 milliard de dollars (883 millions d'euros) supplémentaires en 2008. Que fait l'Europe ?

Nous préparons une proposition pour dégager 220 millions de dollars supplémentaires. J'espère que cela sera réglé d'ici à juin, si nous obtenons le soutien des Etats membres et du Parlement européen pour prélever une partie de cette somme - 110 millions d'euros - sur la réserve d'urgence du budget communautaire. Cette aide s'ajoutera aux 160 millions d'euros débloqués début mars. Les capitales ont pris conscience de l'appel du PAM, mais je ne sais pas si elles vont avoir des réponses à la hauteur des besoins. L'aide publique au développement est en recul en Europe.

Comment expliquez-vous cette tendance ?

Le développement n'est pas considéré comme une priorité. Plus il sera lent, plus le non-développement aura un impact élevé en terme de terrorisme, de grande criminalité, d'immigration, ou de trafic des êtres humains. Il faut bien relever une certaine incohérence entre le discours et les actions. Cette tendance est dangereuse, car l'Union européenne, qui reste le premier donateur au monde, donne le ton en matière d'aide. Si elle régresse, cela risque d'inciter d'autres, comme les Etats-Unis et le Japon, à limiter leurs efforts.

Que pensez-vous de la demande de Michel Barnier, ministre de l'agriculture français, qui réclame une initiative européenne pour lutter contre la crise alimentaire, en confortant la politique agricole commune (PAC) ?

Je suppose que Michel Barnier ne vise pas à utiliser nos surplus agricoles pour les envoyer dans les pays en crise, comme le font les Américains. Si tout le monde procède ainsi, c'est dangereux, car cela peut déstabiliser les productions locales. Imaginons que l'on augmente la production européenne. Il faudra m'expliquer comment cela ne va pas avoir d'effets sur les cours mondiaux. Cela risque de relancer la compétition entre pays pauvres et riches en matière agricole.

Propos recueillis par Philippe Ricard

Publicité
Commentaires
Publicité